Forcément, chez deux degrés, la situation actuelle nous interroge. Le confinement, la crise sanitaire, toutes ces idées pour le monde de demain … cela vient confirmer d’un côté ce que les habitants nous disaient déjà (donc beaucoup de bon sens et de pragmatisme). Cela donne aussi de nouvelles idées et pose de nombreuses questions. On vous propose 12 points qui nous ont marqué et les leçons à en tirer sur le dessin du quartier urbain idéal (et donc la nature des projets d’aménagement à venir).
Bien vivre c’est d’abord avoir un « bon logement » : grand, lumineux, agréable. C’est le facteur premier d’inégalité sociale en ces temps de confinement. On nous prend la tête depuis des années avec la domotique et la technologie qui monte ton chauffage quand tu claques dans tes mains, mais l’essentiel n’est pas là. Il faut du soleil, de la lumière et un espace extérieur.
La nature près d’un logement c’est cool : quand on a un espace vert dans son « kilomètre » de sortie, tout de suite c’est mieux.
Le télétravail ça marche : pas pour tout le monde, et pas tout le temps, mais on pourrait quand même largement le développer. Et qui dit télétravail dit moins de présence au bureau en permanence et/ou la possibilité d’horaires décalés. Plus la peine d’être tous dans sa voiture (et seul dans sa voiture) chaque matin pour embaucher à 9h tapantes… ca laisse un peu de place sur les routes non ?
Déplacements et transports : même si on ne connaît pas les comportements de demain, quand on voit la psychose pour un rouleau de PQ, on peut imaginer que, demain, certains auront peur de la promiscuité des transports en commun. Le vélo risque d’être encore plus à la mode en ville (en plus c’est l’été) et pour les territoires périphériques et ruraux ça va encore renforcer la voiture, fini les petites lignes de bus …
La livraison et la proximité : ce qui compte, c’est de pouvoir faire des courses alimentaires pas trop loin. Pour le reste, les gens arrivent à s’en passer … ou ils utilisent internet et les livraisons, on est moins fan mais c’est une réalité. C’est la proximité qui prime, au point de ne même plus bouger ! Il y aura des livreurs et des retraits de colis partout. Coucou Amazon 🙂
Un espace urbain sans animation, ça ne sert à rien : boire un verre, aller au restau, au cinéma, croiser du monde … cela reste les qualités intrinsèques d’un espace urbain animé. Bon…il y aura aussi plein de 5G et d’heures perdues à chercher quoi regarder sur Netflix…
Une partie des personnes qui vivent à la campagne notent finalement peu de changement sur leur mode de vie. Cela aurait même tendance à valider leurs choix, au point d’intensifier la demande en maisons individuelles sans pour autant régler les problèmes que cela peut poser (dépendance à la voiture, temps de trajet, ennui pour certains). Les villes ont probablement encore des choses à apprendre de la campagne. Et inversement.
Le voyage partout dans le monde, tout le temps, va en prendre un coup : moins de week-end à Barcelone, Copenhague et Dublin … Plus de détours par Limoges, Clermont-Ferrand et Vannes ? Ou peut-être une visite de la base de loisir de son département ?
Les gens restent les gens … la crise révèle le pire (la délation, les fakes news, les experts en tout) mais aussi le meilleur (les solidarités entre voisins, l’entraide, le système D). Il y a les riches qui s’isolent loin de tout, les quartiers modestes qui s’organisent comme ils peuvent, les hypocondriaques qui ne veulent plus sortir, etc.
Les enfants semblent plutôt bien vivre la situation : ils font des cabanes, ils jouent, ils profitent des plaisirs simples … peut être qu’on devrait plus les écouter pour concevoir la ville ? Bon, par contre, pour les parents c’est plus compliqué. Ils se sont rendus compte qu’être prof c’était pas si simple. Même si c’est sympa d’apprendre des trucs à son enfant … ils sont quand même nombreux à espérer la réouverture des écoles !
L’accès aux soins : on centralise de plus en plus les soins (le gros CHU et puis plus rien), au point qu’aller se soigner peut sembler dangereux (je vais être malade en allant à l’hôpital). La proximité des établissements de soin est une attente importante, notamment pour les plus fragiles.
Définir nos priorités et s’engager : soyons réaliste, une belle grosse crise économique arrive. On va tous perdre en niveau de vie, et les collectivités locales aussi. Où allons-nous faire des économies ? Quels services seront essentiels ? Quels sont ceux qui seront gérés autrement ? Et s’il était temps de repenser au revenu universel ? Au salaire universel ? … et d’en faire par exemple un revenu de collectivité pour lequel on donne un peu de son temps pour la vie des territoires (gérer la bibliothèque, le bar associatif, assurer l’entretien des voiries ou des espaces verts, s’occuper du compost de quartier).
Bref, tout est possible, le meilleur comme le pire. Pour conclure, on essaie de se concentrer sur le positif et de confirmer quelques certitudes acquises sur le terrain concernant le quartier idéal et l’importance du quotidien dans la qualité du cadre de vie. Cela ressemble à quoi notre environnement urbain demain ?
Pierre-Marie, Mathieu